La Pac et l'agriculture sacrifiées sur l'autel du neo-libéralisme partie 1/2

Publié le par PRS

En matière de POLITIQUE AGRICOLE - la République Sociale - c'est aussi une cohérence idéologique

Depuis 1992 et la première réforme de la PAC, celle-ci est dans le champ de tir des néo-libéraux qui veulent déréglementer l'économie, libéraliser le commerce et réduire l'intervention des Etats.

Il est vrai que les principes fondateurs de la PAC de 1962 (libre circulation des produits agricoles au sein de l'espace européen, protection aux frontières, solidarité financière) s'accordent mal avec la logique du profit maximal et immédiat, sans entraves douanières, fiscales et sociales pour les entreprises multinationales, telle qu'elle a été définie par le " consensus de Washington " en 1990.

En outre, cette PAC était une construction mixte, politico-économique, initiée par la France gaulliste et pilotée par un ministre de l'agriculture pédagogue et volontariste, Edgard Pisani, dans le cadre d'une association de six Etats ayant une proximité culturelle et des intérêts complémentaires (France agricole et Allemagne industrielle).
La PAC fut une initiative novatrice et audacieuse, dont les imperfections auraient dû être corrigées dans les années 1970, comme le souhaitait Pisani, mais les dirigeants européens l'ont laissé dériver vers la bureaucratie et la satisfaction des intérêts des plus puissants (lobbies agroalimentaires et céréaliers), faisant de l'exportation un but en soi, au détriment des objectifs d'autosuffisance alimentaire et de garantie du revenu agricole.

Cette dérive accompagne l'entrée du Royaume-Uni dans la CEE, en 1973, qui modifia les orientations initiales de la construction européenne. Les Anglais étaient très opposés au principe même de la PAC et le sont restés. Leur préférence allait, et va toujours, à la liberté de s'approvisionner en denrées alimentaires sur les marchés mondiaux.
Depuis ce premier élargissement (repoussé deux fois par de Gaulle…), les Britanniques n'ont cessé de s'en prendre à la PAC. Aussi ne faut-il pas s'étonner qu'en juin dernier, le premier Ministre Blair ait saisi l'opportunité de l'affaiblissement politique franco-allemand pour remettre en cause les accords européens de 2002 (engagement budgétaire allant jusqu'en 2013). Son objectif : donner priorité aux " dépenses d'avenir " (innovation, recherche) sur celles " du passé " (agriculture et PAC).

Le commissaire européen chargé du commerce, très proche de Blair, a prolongé l'offensive, dans le cadre des négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Il a déclaré que " l'agriculture est la clé pour débloquer les négociations ". Il s'agit de faire sauter le verrou agricole, avec l'appui des USA, pour ouvrir les marchés aux produits industriels et aux services.

Ainsi, " la PAC est la variable d'ajustement ", l'élément majeur du champ de bataille commercial mondial, dans lequel s'affrontent les différents concurrents, seuls (USA) ou regroupés dans des alliances d'Etats en fonction de leurs intérêts.

L'Europe a la particularité d'être représentée par un seul négociateur, le commissaire au commerce. Celui-ci se réfère principalement à lui-même… puis à la commission européenne (dont il est l'un des membres avec sa collègue à l'agriculture, aussi néo-libérale que lui)… et enfin, par nécessité, aux 25 délégués des Etats membres de l'Union, laquelle est actuellement présidée par le Royaume-Uni.

La libéralisation du commerce (" conclure un accord ambitieux à l'OMC ") est, avec la libéralisation des services (" achever le marché intérieur des services ", objet de la directive Bolkestein), l'une des mesures-clés de la Commission européenne en vue de mettre en œuvre la stratégie décidée par le Conseil européen (les 15 pays à l'unanimité) à Lisbonne en 2000.

On comprend mieux pourquoi le président Barroso et le Commissaire Mandelson (en lien avec le directeur Lamy, de l'OMC) se moquent des menaces de veto françaises : ils sont couverts par la présidence actuelle du Conseil européen et par les décisions européennes antérieures.

Au grand jeu de la libéralisation du commerce, les agriculteurs et la PAC sont toujours perdants
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La REPUBLIQUE SOCIALE une alternative de gauche à la domination culturelle du néo libéralisme

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